Le burn-out est un mal courant en entreprise. Il semblerait qu'un tiers des français aient déjà connu le burn-out dans leur carrière. Triste constat. Terrible réalité. Et pourtant, qui en connaît les symptômes ? Savez-vous que le burn-out est un long processus d'épuisement qui peut prendre plusieurs mois ou années pour aboutir à un black-out du corps ? Mais que ce black-out n'est pas non plus systémique ?
Dans cet article, je te partage le chemin qu'a réalisé Emilie en 9 mois pour dépasser le burn-out.
Lorsque j'ai rencontré Emilie, elle était épuisée, elle ne trouvait pas de temps pour elle et ne se sentait pas épanouie. Elle était tiraillée entre sa vie professionnelle, sa vie de femme, sa vie de maman et elle ne trouvait plus de plaisir nul part. Son envie, quand on a commencé à travailler ensemble, était de redessiner sa vie pour qu'elle y trouve sérénité et épanouissement.
Je m'appelle Emilie, j'ai 34 ans, j'habite dans un petit village (le plus beau du monde!) avec mon mari et mes deux garçons de 5 et 2 ans. Je suis quelqu'un qui adore apprendre et j'ai des intérêts très éclectiques. J'ai d'ailleurs plusieurs formations à mon actif : un master en théologie et un autre en bioingénieurie. C'est aussi pour cela que j'avais décidé de continuer ma formation en faisant un doctorat en génie biomédical, sur les IRM. J'y travaille encore, très partiellement, mais je ne finirai probablement pas mon doctorat ! J'aime aussi les activités artisanales ou artistiques : la musique - je joue au piano, au violon et à l'orgue - la couture, le tissage, la cuisine... Car j'ai autant le besoin d'être créative que celui d'être entourée de beauté. Sur ce point, j'ai la chance de pouvoir admirer la nature qui m'entoure, ce qui me rend aussi très sensible aux thématiques écologiques.
Je t'ai contactée à un moment où ma situation était intenable : trop de pression, au travail comme à la maison. Je sentais qu'il fallait que je prenne une décision par rapport à ce que je privilégiais dans ma vie: mon travail ou ma famille. J'avais besoin d'aide pour analyser et choisir la direction à prendre. Privilégier mon travail, c'était passer à côté de l'essentiel (ma famille) et quitter mon travail c'était passer à côté d'une incroyable opportunité et mettre en péril la sécurité financière familiale (mon mari était sans emploi à ce moment-là).
Quelle que soit la décision à prendre, j'avais l'impression que ce serait comme m'arracher une partie de moi-même.
Pourtant, derrière le choix apparent, il y avait beaucoup d'autres problèmes, notamment un déséquilibre entre les différentes parts de ma vie (travail, famille, vie sociale, moi-même) ainsi que tous les signaux d'un mal-être au travail que j'ignorais (perte de motivation, difficultés à me concentrer, surmenage entre autres).
Franchement pas bien. Je ressentais beaucoup de tensions, tant dans le corps que psychologiquement. Je peinais à accueillir mes émotions et pouvais pleurer pour un rien, tous les jours. Je n'investissais plus aucune relation car je n'en avais pas la force et en cela je m'écartais de mes collègues, mais aussi de mon réseau social en général.
Je souhaitais retrouver un équilibre entre les différentes parts de ma vie : vie de famille, vie de couple, vie avec les autres, vie au travail, et ne pas m'oublier dans tout cela... Je désirais retrouver de la vie dans mon quotidien et accéder à un état plus tranquille, en paix.
Au fil des mois, ma motivation au travail s'est amenuisée, tout comme ma capacité de concentration et mon efficacité. Je me suis mise à ramener du travail à la maison pour finir ce qui devait l'être... sans le pouvoir. Je travaillais dans le vide, ne gérais plus mon esprit et commençais à être écrasée par le poids de la fatigue. La vie de famille s'en ressentait aussi, je n'avais plus ni patience ni empathie. Pendant les vacances d'été, j'ai pris une décision : j'allais arrêter mon travail, vraiment. Je n'en pouvais plus et pourtant c'était un crève-cœur que de prendre cette décision et fermer la porte à une activité professionnelle qui m'avait tant nourrie.
Mon chef n'a pas du tout ni compris, ni accepté cette décision. Il m'a demandé d'aller discuter avec la DRH qui, elle, a saisi qu'il y avait un problème et m'a envoyée chez la médecin du personnel.
Le diagnostic de burn-out qui a suivi m'a permis de relâcher la pression, de comprendre la situation et de mettre des mots sur le rouleau compresseur sous lequel j'avais l'impression de passer depuis des mois.
Les semaines et les mois qui ont suivi n'ont pas été simples. Des années de fatigue à absorber, un moral régulièrement au plus bas, une remise en question d'une grande partie de ma vie, l'impression d'être vide et nulle ne sont qu'une partie de ce que j'ai vécu quotidiennement ces derniers temps. Cependant j'avais aussi une lueur d'espoir : les problèmes que j'avais rencontrés au travail avaient une cause et en soignant celle-ci, il me serait peut-être possible de retrouver une vie plus apaisée.
En fait, ce qui m'a le plus aidé, étrangement, c'est le temps. Ou plutôt, le lâcher-prise sur le temps qui passe et sur tout ce que je jugeais comme étant des incapacités ou défauts majeurs de ma personne. Cela peut sembler impossible à certains et cela l'était pour moi, mais à un moment donnée, on y est obligé. Depuis toute petite, j'ai toujours été efficace : faire mille choses à la fois, gérer des tas de projets, aller vite. Et soudainement, j'ai été confrontée à cette incapacité de faire quoi que ce soit.
Il m'a fallu du temps pour accepter que là, maintenant, ma vie était vide et mon besoin premier était de dormir.
Par exemple, j'ai tenté pendant plus d'un mois de finir les corrections d'un article en cours pour le travail avant de laisser ce soin à d'autres et enfin me donner du temps à moi.
Une autre aide, ça a été de me retrouver, un peu. Pendant ces dernières années, je n'avais plus vécu ou agi pour moi. Je m'occupais de ma famille, je donnais du temps pour le travail et c'était tout. Oubliées les activités créatrices, la musique, mes intérêts. J'avais accepté un poste de travail où le temps partiel n'existait pas en pensant que ce serait mon "me-time" à côté de la famille... J'avais oublié que je n'étais ni mon travail ni ma famille. Ces deux aspects m'ont permis de vivre pleinement la situation présente et de l'accepter, même si cela était difficile. J'ai pu me laisser tomber au fond du trou et rebondir. Je me suis donné le droit de seulement fonctionner pendant un temps...
Et un jour, j'ai de nouveau vu le paysage qui m'entourait, câliné pleinement mes fils (sans penser à toutes ces tâches qui attendaient), osé retoucher mon piano, lancé des projets de couture. Finalement, j'ai eu énormément de chance d'être soutenue. Par mon mari, évidemment, qui s'est retrouvé à devoir porter tout ce que je portais auparavant et à m'accompagner au cœur de la tempête. Mais aussi par des médecins qui m'ont pris au sérieux avant que je ne réalise l'étendue des dégâts moi-même, par ma famille plus élargie, par des amis qui ne m'avaient pas oubliée. Et puis dans tout cela, tu m'as énormément aidée à réfléchir sur ma situation, voir plus profond, plus loin. Ton regard extérieur et plus objectif m'a permis de réaliser beaucoup de choses et de mettre des mots sur certaines sensations ambivalentes.
Aujourd'hui, j'ai repris partiellement mon travail (à 40%) et ça va. Ce n'est pas la grande motivation, la fatigue est toujours très présente et je peine à me concentrer, surtout lorsqu'il s'agit de lire. Mais j'avais besoin de reprendre et retrouver cet environnement pour faire le deuil de cette thèse que j'avais probablement idéalisée et surinverstie. Maintenant, je suis plus en paix par rapport à l'idée d'arrêter.
Moi, je vais mieux. Je me sens convalescente, mais tranquille.
Il y a encore beaucoup de choses à reconstruire, beaucoup de questions à traiter, mais elles me semblent moins cruciales qu'il y a quelques mois. J'ai plus confiance en l'avenir, en le fait qu'on va s'en sortir, et que je vais bien une fois trouver un travail qui fait sens pour moi. Mais surtout je me sens mieux au présent.
Cette crise sanitaire, c'est exactement ce dont j'avais besoin. Pendant un temps, je suis obligée de vivre avec et prendre soin de ceux que j'aime. Je dois lâcher encore plus mon travail, à commencer par les éreintants trajets. Génial !
Bon, pour être honnête, je suis une privilégiée. Tout d'abord, en Suisse, nous ne sommes pas confinés à proprement parler. Certes, les écoles sont fermées, les magasins non-essentiels aussi, les interactions physiques sont régulées (max 5 personnes avec min 2 m entre chacun), et les citoyens sont priés de s'abstenir de tout déplacement non-essentiel. Mais on n'a pas besoin de justifier chaque sortie, on est considérés comme responsables. De plus, j'habite à la campagne, à côté de la forêt, et nous avons de la place (ancienne ferme en rénovation) en plus d'un grand jardin.
Parfois, cette situation me semble surréaliste : je dois vivre dans ma bulle et c'est le gouvernement qui nous l'ordonne. Mais je la savoure, car je retrouve l'essentiel : mes proches.
Je travaille peu, en télétravail, et le reste du temps, je peux vivre au rythme de mes enfants. Et ce rythme me convient très bien ! On apprend la vie à travers les yeux des enfants, à travers leurs questions. J'ai vu passer beaucoup d'activités sur les réseaux sociaux pour "occuper les enfants", mais je n'en vois pas beaucoup le sens, les enfants (du moins les miens) sont tout le temps occupés à jouer, observer, expérimenter, apprendre !
Je me sens vraiment en paix, à ma place, utile. La charge émotionnelle de toute la famille s'en ressent aussi : les enfants se disputent moins et on est beaucoup plus disponibles pour accueillir leurs émotions et leurs besoins. Je vis cette période comme elle vient, pleinement. Mais elle me recentre aussi sur ce qui me fait du bien. Elle me montre l'importance de ma bulle et cela m'aide à faire quelques pas supplémentaires vers un avenir plus épanoui. Un avenir sans mon travail actuel, probablement, mais qui reste à inventer.
Lire des témoignages et des histoires de vie d'autres personnes m'a toujours beaucoup parlé, mais avant d'être moi-même confrontée à une situation, je n'ai jamais réussi à appliquer le moindre conseil ! Alors je ne sais pas si d'autres ont moins besoin d'expérimenter pour comprendre la vie et sauront tirer des conclusions de mon expérience...
Mais c'est vrai que je suis plus sensible aux personnes épuisées ou à celles qui ressentent un mal-être au travail ou en famille.
J'aurais envie de les encourager à s'écouter, à retrouver qui elles sont, à prendre soin d'elles. J'aurais envie de dire que quand quelque chose va mal, il y a toujours des signaux, qui deviennent de plus en plus forts, et que les réprimer ne va pas faire disparaître l'origine du problème, au contraire.
Ça fait très "mainstream" comme message ! Sinon... repose-moi la question dans quelques mois, quand j'aurai fait plus de chemin et aurai une vision plus globale de la période actuelle !
Merci Emilie pour ce beau témoignage de reconstruction après un burn-out. J'ai été ravie de t'accompagner tout au long de ces mois et te voir retrouver le sourire, la joie, l'envie après des moments difficiles. Je retiens également que certaines décisions peuvent mettre du temps à se prendre (quitter un travail) mais que lorsqu'on est soutenue, bien accompagnée parfois, on finit par les prendre en toute sérénité, en sachant les bonnes raisons pour lesquelles on le fait. Je te souhaite une bonne continuation.
Si vous souhaitez aussi trouver comment lâcher-prise sur le temps, les exigences que vous vous imposez, je vous accompagne à trouver vos aspirations profondes.
Prenez rendez-vous pour une séance découverte gratuite de 30 min dès maintenant !
Merci à toi Virginie pour cette interview et merci à Emilie pour ce touchant témoignage. J’espère qu’elle arrivera enfin à être vraiment heureuse et épanouie, et ce, dans tous les domaines de sa vie.